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MERLIN L’ENCHANTEUR.

avec un ricanement qui acheva de couvrir de confusion notre enchanteur, car ils le poursuivaient de cet écho jusque dans leurs demeures souterraines :

« Adieu, Merlin ! beau roi des songes ! Nous allons dire au ver de terre ce que vaut la magie. »

Et il est certain qu’à partir de ce jour les spectres ont cessé d’apparaître dans la plus grande étendue des royaumes parcourus par notre héros. Si quelqu’un d’eux a manqué à la résolution formelle prise par le plus grand nombre, il ne l’a fait qu’en se déguisant et se cachant sous quelque poterne en ruines ; et c’est là une désobéissance qui ne contredit en rien ce qui vient d’être raconté.

V

Perdre ses illusions ! De toutes les phrases de notre siècle, la plus sotte et la plus impertinente ! Trop de fois, elle a aidé les lâches à couvrir leur désertion.

Par sa dernière parole, Brutus a fait tout un peuple maudit de plagiaires qui disent en amplifiant le testament du maître : Amour, poésie, magie, perle des rosées matinales, vertu des brises du soir, tu n’es qu’un mot ! Et, sur cela, vides de regrets, légers de remords, ils se servent de cette phrase rouillée, non pour se poi-