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MERLIN L’ENCHANTEUR.

de paroles, bien soulagé de cœur, la tête plus droite, le pied mieux assis, le jarret plus nerveux, le bras plus tendu, la main plus serrée, surtout la pensée plus ferme, l’âme plus roide, l’espérance plus haute, la fantaisie plus riche, il reçut de nouveau le monde sur ses épaules carrées ; et vous eussiez dit qu’il ne l’avait jamais porté un seul jour, tant sa vigueur était nouvelle. Il est de fait que toute la terre se ressentit de l’allégement et de l’allégresse du Titan. Ceux qui se croyaient le plus près de l’abîme se virent relevés sans savoir pourquoi. Beaucoup de ceux qui étaient sur le faîte tombèrent irrévocablement dans le gouffre ; et les choses reprirent ainsi leur équilibre.

Tant que Merlin put apercevoir Atlas, il ne cessa de se retourner pour l’avertir et pour l’encourager.

« Bien, Atlas ! Courage, mon Titan ! Tu penches trop en arrière ! un peu en avant, te dis-je ! Avance donc, vieux géant ! Ah ! voilà que tu retombes dans ton ancienne erreur !… »

Mais déjà ces objurgations se perdaient dans l’éloignement du sépulcre. Atlas, resté seul, ne les entendait plus.

III

Voilà comment Merlin consolait du fond du tombeau les mondes désenchantés, en sorte que le sépulcre,