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LIVRE XXII.

Viviane à l’improviste ; elle lui apprenait à cueillir des simples qui guérissaient les blessures.

« Quelles blessures ? demandait l’enfant.

— Des blessures qui font mourir, cher fils.

— Mourir ! Qu’est-ce que cela ? »

Aussitôt Viviane et Merlin s’apercevaient qu’ils avaient gardé la langue du vieux monde. Ils en composèrent une autre, plus riche, plus sonore, plus ailée surtout. Mais souvent, quoi qu’ils fissent, ils retombaient dans l’ancienne dont ils avaient conservé l’accent assez pur. Et ils donnaient ainsi à leur fils bien-aimé quelques vagues idées surannées qu’ils auraient mieux aimé lui cacher pour toujours.

Cependant les rossignols reprenaient dans le silence du sépulcre :

« L’enfant de Merlin est né. Fleurs, étoiles, réjouissez-vous.

« Pierres précieuses, étincelez au collier de la nuit.

« L’enfant sera plus grand que son père ; mais nous, troupe fidèle, nous nous souviendrons toujours de Merlin l’enchanteur. »