L’hôte de Merlin reprit :
« Connais-tu Béhémoth et Léviathan ? Les as-tu rencontrés sur la terre ? Que faisaient-ils ? Je suis content de les avoir formés de mes mains ; ils me sont restés fidèles, ils célèbrent ma puissance immuable.
« Certainement Béhémoth se plaît encore aujourd’hui dans les lieux humides où je lui ai ordonné d’habiter ; il ne demande pas à en changer.
« Léviathan songe-t-il à sortir du gouffre de la mer où je l’ai placé de ma main et à errer dans les déserts sans eau ?
« As-tu rencontré le bœuf sauvage dans l’Armorique ? Ne sait-il plus se servir de ses pieds fourchus, ni ruminer, couché sous les forêts de chênes.
« As-tu vu le cheval insulter à ses flancs et convoiter les ailes du vautour ?
« As-tu vu le vautour envier l’écaille luisante que j’ai donnée au crocodile, le jour où je l’ai placé au milieu du fleuve ?
« Non ! ils n’ont pas médit de moi quand tu passais. S’il en est autrement, dis ! parle ! répète leurs accusations ; je les écouterai et leur ferai justice.
« As-tu visité l’aigle sur la montagne ? Certainement, celui-là ne s’est pas lassé de chercher son butin, l’aile déployée, depuis la première heure ; et il ne dit pas : « Pourquoi ma proie ne m’est-elle pas préparée dans mon gîte, sans que j’aie besoin de la poursuivre et de la déchirer de mon bec ? »
« Dis ! parle ! T’es-tu trouvé face à face avec le lion, à