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LIVRE XIII.

XIII

VIVIANE À MERLIN.
Mois des glaciers.

Faut-il m’en réjouir ? je vis encore, mais c’est un miracle. Harassée, désespérée, ne recevant rien de toi, n’attendant même rien (car tu t’es obstiné à ne pas répondre et tu as été plus dur que ces rochers), je m’étais assise dans les frimas, au pied du Wetterhorn, et la neige me couvrait à demi. Il me semblait que j’étais au seuil d’un palais de cristal, éclairé par des milliers de lampes ; et nous avions été invités tous deux par Titania à une fête de nuit. Je n’avais que le seuil à franchir pour te rejoindre. Déjà je discernais la danse et la ronde des esprits, le bruit même de leurs pas, à demi-étouffé par les flocons de neige.

Je crois entendre de lointains aboiements de chiens. Les cris redoublent ; ils approchent. C’était la meute de ma marraine ; elle-même suivait à la course. Bientôt je sens que des mains me soulèvent et me portent. Je me réveille dans la tour de Resti, couchée sur un lit de paille, et ma marraine toute en larmes était à mon chevet.

« Avez-vous donc juré de mourir ? me dit-elle dès