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MERLIN L’ENCHANTEUR.

ne pouvais avancer d’un seul pas. Rancune et Félonie ! C’était le cas ou jamais, de m’assister, Jacques ; tu ne l’as point fait. » À la fin, un bruit violent, comme d’une porte que l’on arrache à ses gonds, m’a réveillé. Quel bruit cela peut-il être ?

— Le seigneur Merlin expliquera tout, répondit Jacques.

— Mais où est-il ?

— Ici près, dans sa sépulture.

— Quoi ! il est mort ! peuples, pleurez ! Quand reverrez-vous un sage qui lui ressemble ?

— Il est enseveli ! Mais sa sagesse en est deux fois plus grande.

— Allons donc le visiter. »

VI

Le soleil, à ce moment, jaillissant du bord d’un nuage noir, versa une cascade de flamme sur les armes blanches d’Arthus ; l’horizon en fut ébloui.

À ce signe, Merlin reconnut de loin le Monarque des Bons qui s’avançait lentement, dans sa gloire, entouré de ses féaux. Pour la première fois, la tombe lui pesa. Il eût voulu s’élancer, hors de la tour funèbre, dans la campagne fleurie, au-devant de celui que, vivant ou mort, il avait toujours aimé comme son roi légitime.