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LIVRE XXIV.

Trop impatient, il ébranla sur leurs gonds les portes d’airain qui le séparaient des vivants. Mais son effort fut inutile. Il en gémit sourdement, sous la terre.

Alors il se résolut à faire au roi le meilleur accueil qui se pouvait dans l’enceinte de la mort. Pour cela, il commanda à Viviane et à son fils de tresser en toute hâte des guirlandes dont il couronna les soixante soupiraux de sa demeure. Lui-même, il lâcha nombre d’oiseaux, à la double paupière, qui tous portaient au col cette devise :

« La mort est demeurée fidèle au sommeil. »

En même temps, il hissa au haut d’un pennon sa bannière tumulaire, nuée des plus vives couleurs, lampassée d’or, qui flamboyait au premier rayon du jour, si bien qu’on la prenait de loin pour un joyeux arc-en-ciel. Combien il eût souhaité présenter le premier au Roi de l’Avenir le pain, le vin d’honneur et les clefs de sa demeure ! Mais il n’y pouvait songer en aucune manière. Tout ce qu’il put imaginer, ce fut de renouveler l’huile de la lampe enchantée, accorder sa harpe, avertir les morts, faire résonner les lieux souterrains des fanfares du sépulcre, en sorte que le tombeau pavoisé se remplit d’une joie si profonde qu’elle rayonnait pleinement au dehors.

Ces préparatifs achevés, le roi attendu se trouva proche ; et Merlin, ayant auprès de lui sa famille, le salua par ces mots :

« Je vous salue, grand roi Arthus ! Venez, venez, beau roi de la justice. Tout est vôtre, ici, parmi nous :