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LIVRE XXIV.

mis. Jacques les voit : il s’en dépite ; il les secoue, l’une par son manteau ducal de martre zibeline et son chaperon, l’autre par sa tunique de pourpre de Tyr.

Tous deux, enfin, ouvrent les yeux ; tous deux se lèvent sur leur séant, puis sur leurs pieds. Ils s’étonnent l’un l’autre de se trouver si beaux ; ils s’étonnent davantage d’avoir été si longtemps couchés et endormis l’un près de l’autre. La Belle en rougissait, pleine encore d’une langueur amoureuse qui doublait sa beauté.

« Je rêvais de toi, lui dit Endymion.

— Et moi, seigneur, je vous voyais en songe, dans mon manoir gothique.

— N’es-tu pas Cinthie, la lune au moite front d’argent ?

— Moi, Cinthie ! Vous rêvez encore, monseigneur. N’êtes-vous pas mon fiancé, le prince des Ardennes ?

— Moi, prince des Ardennes ! Mais ouvre donc les yeux. Je suis Endymion.

— Ne jouons pas ce jeu, seigneur ; que diraient les barons ? Venez, rentrons au vieux château. Déjà j’ai tardé trop longtemps dans ce bois ombreux.

— Allons plutôt d’abord dans ma grotte de Latmos, tapissée de jacinthes. Depuis trop longtemps je n’ai mené mes chèvres à l’abreuvoir, elles périront de soif.

— Écoutez, monseigneur ! Oyez le son des cloches. Le chapelain nous appelle pour nous marier à l’autel, dans la chapelle dorée.

— Écoute, écoute la cornemuse ! Les nymphes nous