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MERLIN L’ENCHANTEUR.

avait perdue sur la terre et dans le ciel. On se reprochait d’avoir douté de lui. « Quelle injustice, grand Dieu ! murmurait-on de toutes parts. Il est donc vrai que les meilleurs seront toujours les plus méconnus ! »

Ce retour subit du monde vers Merlin profita aussi à Jacques. Il n’était plus regardé avec pitié, quand il passait, comme un simple d’esprit. Loin de là ; on admirait qu’il eût lui seul conservé si longtemps le vague espoir en dépit des apparences. Sa crédulité passée parut un avertissement du ciel. Pourtant, même alors, il restait encore des incrédules, ainsi qu’on le verra dans l’un des chapitres suivants, où l’on apprendra aussi combien les nations mortes ont de peine à ressusciter.

VII

Cheminant dans les bois, Jacques trouva couchée, au pied d’une tour emmantelée de lierre, la Belle au Bois dormant ; la tête sur son bras, elle rêvait d’amour. À ses côtés, sur la même herbe vierge, dormait aussi, comme elle, celui que les dieux autrefois avaient plongé dans un même sommeil divin. C’est le bel Endymion.

Au bruit des sabots de Jacques sur le sentier pierreux, tous deux ouvrent à demi la paupière et se retournent sur le flanc. Sans le savoir, ils s’enlacent en rêvant, comme l’orme et la vigne, de leurs bras endor-