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LIVRE XXIV.

aucune réponse, imagina de leur chanter, de sa voix la plus haute, traînant sur chaque syllabe, les trois couplets de l’aubade suivante :

Voici l’étoile qui pâlit ;
En gazouillant l’hirondelle s’éveille
Peuples dormeurs, sortez du lit !
Elle a souri l’aube vermeille !

Qu’a dit la guette sur la tour ?
La guette a dit : Honni soit qui sommeille.
Peuples, debout ! voici le jour.
Elle a pâli l’aube vermeille.

Couronné d’or et de jasmin,
Dans le verger le jour flamboie.
Là-bas, quel champ d’azur poudroie ?
Peuples, debout ! Voici votre chemin !

Mais, endurcies comme elles l’étaient, les nations refusèrent de s’en fier aux aubades de Jacques. Après l’avoir raillé jusqu’à lui tirer plus d’une larme, elles se rendormirent du sommeil des trépassés.

Il fallut donc que Merlin, lui-même, indigné, se rendit auprès d’elles ; et il cria, d’une voix qui brisa son sépulcre :

« Nations paresseuses, levez-vous ! Arthus est réveillé ! »

En même temps, il s’arma d’un fouet qu’il fit retentir dans le monde souterrain ; et les quadriges, impatients de revoir la lumière, s’agitèrent sous les vastes portiques creusés dans le tombeau.

À ce bruit nouveau pour elles, les nations mortes s’é-