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MERLIN L’ENCHANTEUR.

défaillance subite ? Était-ce un sommeil, un songe ? Était-ce la mort ?

Chacun regardait son plus proche compagnon de funérailles, et s’étonnait de le trouver vivant. Tous pressentaient que Merlin avait fait ce prodige pendant qu’ils étaient ensevelis. Mais nul d’entre eux n’osai dire de sa blessure : « Se rouvrira-t-elle jamais ? » Le penser seulement, c’eût été mourir une seconde fois.

IX

Les choses ainsi ordonnées, Merlin alla s’asseoir sur le seuil de son tombeau ; et, le fouet à la main, il en chassait les nations, à mesure qu’elles reparaissaient pour s’y engloutir. Voyant même que plusieurs d’entre elles trompaient encore sa surveillance, et que nombre de gens leur conseillaient froidement d’aller se reposer dans la mort, il prit le parti le plus sage, celui de détruire de sa propre main son sépulcre, déjà fort miné et vermoulu, presque croulant, lequel ne pouvait plus servir que d’abri dangereux aux gens de nuit et de rapine.

Avec l’aide de ses compagnons, dont le nombre se grossit de tous les gens de bonne volonté qu’il put rencontrer, il démolit patiemment, lui du dedans, eux du dehors, pièce à pièce son sépulcre ; mais non pas sans