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LIVRE XIV.

livre de l’Énéide, l’épitre aux Pisons ; voilà, je pense, une voie sûre et des noms qui t’inspireront l’envie de connaître la suite de ce récit.

Depuis le retour de Merlin, sa sombre tristesse n’avait point échappé à Épistrophius. Le noble roi des ruines entreprit de la dissiper ; et comme il vit un jour notre enchanteur, la tête baissée, plus rêveur qu’à l’ordinaire :

« Vous voulez, lui dit-il, étudier les mœurs des esprits des ruines. Merlin, bénissez votre étoile. Il se présente pour vous une occasion incomparable. J’apprends que les jeux Néméens vont être célébrés dans quelques jours. Aucun des grands rois de notre famille et de leurs conseillers n’y manquera. Nos peuples aussi y seront rassemblés comme la poussière que l’on balaye dans l’aire. Vous pourrez les observer là tout à votre aise.

— Des jeux, sire, interrompit Merlin avec un soupir ! Ils ne sont pas faits pour moi. Je les attristerais.

— Nullement. Ulysse, malgré son désir de revoir Pénélope, n’a pas laissé de se mêler aux jeux du ceste ; Énée, malgré son amour pour Didon, a pris plaisir aux jeux des fils d’Évandre. De même, vous…

— N’achevez pas, sire, dit Merlin. J’y serai. Il suffit que vous l’ayez ordonné. »

C’est par la porte d’Arcadie qu’ils sortirent de la superbe Mavromati, dans le même ordre et avec le même équipage que j’ai décrits plus haut. Au delà des marais de Stényclare, ils commencèrent à gravir une des pentes