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MERLIN L’ENCHANTEUR.

l’extrémité duquel surgissaient encore quatre ou cinq colonnes d’un temple.) Nos voyageurs reconnaissent avec regret que les jeux ont déjà commencé.

Épistrophius ne put s’empêcher de montrer un peu de dépit de ce qu’on ne l’eût pas attendu.

« Que voulez-vous, disait-il à Merlin ? Ils ne respectent rien, pas même l’étiquette. Mais ce défaut est une de leurs qualités. Peut-être sans cela seraient-ils impuissants. »

En même temps qu’ils descendaient dans la vallée, il reconnaissait la plupart des rois, des princes, des souverains qu’il appelait ses frères, et il les montrait de la main :

« Oubliez, Merlin, vos chagrins ; la fortune vous favorise. Car vous verrez ici nombre de princes qui n’ont pas accoutumé d’être ensemble. Regardez de ce côté, à ma droite. Celui que vous voyez assis sur une petite momie est Pandrasus, roi d’Égypte, le plus beau, le premier des génies des ruines, grand mangeur de peuples, robuste dans les armes, fameux par sa probité, en un mot, sans défaut, s’il ne s’était laissé envelopper de la peste de Sodome. Cet autre, qui est auprès de lui et qui porte la grande mitre étincelante de rubis et de saphirs, c’est Xerxès, roi des Ituréens. Ses ancêtres ont été brouillés avec les nôtres. Mais le temps qui arrange tout a éteint nos rancunes. Considérez ce beau vieillard aveugle, un rosaire à la main, qui me fait signe et me garde une place à ses côtés. C’est le puissant Teucer, roi de Phrygie… Mais, que dis-je ? des plus lointaines