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MERLIN L’ENCHANTEUR.

thes, qu’envahir une nation c’est l’affranchir ; Mustansar, roi des Africains, que pour trouver la vérité il faut s’abêtir ; Bocchus, roi des Mèdes, que Dieu a commencé par être le diable ; Sagremor de Byzance, que le génie c’est une orgie ; Griffopoulos, qu’Homère n’a jamais existé, ni lui, ni aucun grand homme ; Pandrasus le Pieux, que le comble de l’art humain c’est de ramper ; Ergotérion, que le peuple des ruines ne se trompe jamais ; Hocus-Pocus le Madré, que les idées font leur chemin toutes seules, sans que personne s’en mêle ; Tohu-Bohu, roi d’Assyrie, que la vérité c’est le mensonge.

Il y eut une grande incertitude dans l’assemblée quand il fallut donner le prix. Tous l’avaient mérité à certains égards et le réclamaient avec la même violence. La routine prévalut. On le donna au roi de Byzance, parce qu’il l’avait obtenu, il y avait quatre ans à peine, aux jeux isthmiques. Il reçut la couronne de pavots et trois pièces de monnaie éginitique qu’on venait tout nouvellement de découvrir dans l’île.

Après cela, les rois et les peuples assemblés disputèrent entre eux le prix de poésie. Il s’agissait de rassembler le plus grand nombre possible de mots sonores, sans toutefois qu’il s’y glissât une seule pensée. En outre, il fallait éviter à tout prix le concours heureux de syllabes longues et brèves d’où était née la mélodie antique. On compterait, après coup, impartialement, sur ses doigts, le nombre des syllabes. Rien de plus.

Æthion, le Béotien, fut celui qui approcha le plus