Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/118

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tous les samedis soirs, Eldorado grouillait de gens venus des fermes d’alentour, travailleurs maigres et bronzés en blouses voyantes et en culottes de cheval de couleur kaki… hommes simples pour qui Eldorado représentait la grande ville.

Par la devanture d’une boutique à la fois échoppe de barbier et salle de jeu, Bob Eden vit un groupe d’hommes jouer aux dés. D’autres, au dehors, s’appuyaient aux troncs des peupliers et discutaient récoltes ou politique. Bob Eden se faisait l’effet d’un habitant de Mars tombé au milieu de ces gens.

Bientôt, Chan contourna le coin de la rue et arrêta la petite auto en face du jeune homme. En montant dans la voiture, Bob remarqua les yeux du détective fixés sur la porte de l’hôtel. Lui-même détourna la tête en s’asseyant auprès de Charlie Chan.

Un homme sortait de l’hôtel… qui ne semblait nullement à sa place parmi les travailleurs du désert. Il portait un pardessus boutonné jusqu’au cou et un chapeau de feutre baissé sur ses yeux dissimulés derrière des lunettes noires.

— Vous avez vu cet individu ? demanda Eden.

— Certes. L’hôtel Killarney a perdu un client d’importance.

Ils quittèrent la chaussée pavée de la Grand’rue et la figure de Chan rayonna de joie.

— Le travail ne manque pas… De profonds mystères restent à résoudre, fit-il. Loin de chez moi, il me semble retrouver une vieille amie.

Surpris, Bob regarda autour de lui.

— Une vieille amie ? répéta-t-il.