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Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/189

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ses souliers. L’homme se tourne vers la fenêtre, l’arme toujours à la main.

— Qui donc ? demanda Bob Eden. Qui tenait un revolver ? Martin Thorn ?

— Thorn ? Vous voulez dire le petit secrétaire à l’air sournois ? Non. Je parle de son patron, Madden, P. J. Madden en personne.

Il y eut un instant de silence angoissant.

— Diable ! s’écria Eden. Madden ? Vous prétendez que Madden… Impossible ! Êtes-vous sûr de ce que vous avancez ?

— Absolument sûr. Je le connais fort bien. Je l’ai vu au ranch il y a trois ans. Un homme fort, à la figure rouge et aux fins cheveux gris… je ne pourrais me tromper à son sujet. Il resta debout, l’arme à la main, et se tourna du côté de la fenêtre. Je me reculai dans l’ombre. À cet instant précis, Thorn, l’homme dont vous parlez, se précipita dans la pièce en s’écriant : — Qu’avez-vous fait là ? — Je viens de le tuer ! — Espèce d’imbécile ! fit Thorn. Ce n’était point nécessaire ! — Madden laissa tomber le revolver. — Et pourquoi pas ? Il me faisait peur. — Vous avez toujours eu la frousse de ce type-là, ricana Thorn. Vous n’êtes qu’un lâche. L’autre fois, à New-York… — Madden le foudroya du regard. — Ne me parlez plus de cela. À présent, réfléchissez à ce qu’il convient de faire.

Le bonhomme s’arrêta et regarda ses auditeurs.

— Alors, Mademoiselle et Monsieur, je déguerpis. Que pouvais-je faire de mieux ? Cette affaire ne me concernait point et je ne tenais nullement à témoigner devant les juges. Retire-toi dans la nuit, me dis-je, la nuit bienveillante qui te protège depuis tant d’années. Décampe : à d’autres les soucis ! Je courus à la grange reprendre mon baluchon et, au moment où j’en sortais, une automobile pénétrait dans la cour. Je me faufilai par la grille et, une fois sur la route, je me crût en sûreté. Comment vous êtes parvenus à me dénicher ? pour moi, c’est un mystère. Mais