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Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/190

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je suis honnête et n’ai rien à me reprocher sur la conscience. Voilà toute l’histoire… toute la vérité. À vous de m’épargnez la barre des témoins !

Bob se leva et fit quelques pas sur le sable.

— Bigre ! Cette affaire est grave… Vous savez que Madden est un des personnages les plus éminents d’Amérique…

— Aussi ne le ferez-vous jamais pincer pour le crime qu’il a commis. Il trouvera toujours le moyen de se défiler… Il invoquera le cas de légitime défense.

— Que non ! Du moins si vous répétez votre histoire. Il faut que vous m’accompagniez à Eldorado…

— Attendez un peu. Je n’ai nullement l’intention d’aller étouffer en ville… à moins que ce ne soit indispensable. Je vous ai dit ce que j’ai vu et je le répéterai devant quiconque voudra l’entendre. Mais je ne vous accompagne point à Eldorado… Ne comptez pas là-dessus.

— Voyons…

— Dites-moi, connaissez-vous l’identité de l’homme étendu derrière le lit ? Avez-vous retrouvé son cadavre ?

— Non, mais…

— Je m’en doutais. Dans ce cas, vous commencez seulement votre besogne. Que vaut mon témoignage contre la parole de P. J. Madden, si vous ne fournissez aucune preuve à l’appui de mes affirmations ? Opérez d’abord vos recherches.

— Vous avez peut-être raison.

J’ai certainement raison, rectifia M. Cherry. Je vous ai rendu service ; à présent, si vous voulez m’obliger, utilisez les renseignements que je viens de vous donner, mais ne me mêlez point à cette histoire. En cas de besoin, vous me trouverez dans une semaine aux Aiguilles… où je vais me reposer un peu chez mon vieil ami, Slim Jones. Ma proposition est raisonnable. Qu’en pensez-vous, Mademoiselle ?

— Je n’y trouve rien à redire, répondit la jeune fille en souriant.

— Je vous remercie de votre amabilité, M. Cherry, et je ne veux point vous voir suffoquer en ville. Vos confidences peuvent m’être très précieuses et, si possible, je vous éviterai de venir témoigner au tribunal.

Le brave homme se leva péniblement et tendit la main à Bob.

— Topez-là ! Vous êtes un homme d’honneur. Je n’essaie point de sauver Madden… Je me présenterais à la barre s’il le fallait… J’espère toutefois n’y être point appelé.

M. Cherry, au revoir. Enchanté d’avoir fait votre connaissance.

— Moi de même. J’aime bavarder de temps à autre. De plus, le plaisir de regarder une jolie demoiselle… Je n’ai pas besoin de lunettes pour cela.