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Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/38

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tuaient déjà une aventure pour un homme qui n’a pas connu le Café du Louvre à l’époque de Billy Bogan, sur l’emplacement duquel se dresse actuellement la Banque d’Italie… pour celui que ne hante pas la joyeuse mémoire du Delmonico, d’O’Farrell Street, de l’Odéon ou du Chat Noir, illustres restaurants disparus à jamais. Il mangea avec appétit de la cuisine des diables blancs et but trois tasses de thé fumant.

Un jeune homme à l’allure d’employé de bureau dînait modestement à côté de Chan. En passant du sucre à son voisin, Chan lui demanda un renseignement :

— Excusez ma hardiesse, monsieur, j’ai trois heures devant moi pour errer dans les rues humides, mais intéressantes de votre cité. Auriez-vous la bonté de m’indiquer celles que je devrais visiter ?

— Ma foi, je n’en connais point de remarquable, fit le jeune homme étonné. San Francisco n’est plus ce qu’il était autrefois.

— La côte de Barbarie, peut-être ? suggéra Chan.

L’autre se récria :

— Cela n’existe plus ! Le Thalia, l’Elko, le Midway… des vieux souvenirs. Kelley l’Araignée spécule dans les lotissements de l’Arizona. Oui, Monsieur, les anciennes salles de danse sont transformées en garages ou en boutiques. Attendez… aujourd’hui on fête la Nouvelle Année dans le quartier chinois… je ne vous l’apprends certainement pas, ajouta-t-il en riant.

— Tiens… c’est pourtant vrai ! approuva Chan. Le douze février… la veille du premier de l’an.