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Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/42

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fête traditionnelle, elle portait les pantalons de soie et la veste brodée de ses compatriotes, mais ses cheveux coupés, son allure, ses gestes, toute sa personne trahissait l’influence de ses sœurs américaines. Elle posa sur la table un plateau chargé des sucreries du Nouvel An.

— Ma fille, Rose, annonça Kee-Lim. Voici votre fameux cousin d’Hawaï. Elle aussi désire devenir une Américaine aussi délurée que toutes les filles des blancs insensés.

La jeune Chinoise sourit.

— Pourquoi pas ? Ne suis-je pas née dans ce pays ? J’ai étudié dans les écoles américaines et je travaille à la manière américaine.

— Vous travaillez ? demanda Charlie, intéressé.

— Toute la journée, elle demeure assise au Central téléphonique de Chinatown et, sans vergogne, elle bavarde devant un tableau de bois de teck qui darde sur elle des yeux rouges et jaunes, expliqua Kee-Lim.

— Trouvez-vous cela vraiment répréhensible, monsieur Chan ? demanda-t-elle, lançant un coup d’œil rieur vers son cousin.

— Un travail très captivant, approuva Charlie.

— Je le crierai sur les toits, répliqua la jeune fille en chinois, et elle sortit.

L’instant d’après elle reparut, portant une vieille cruche bosselée. Elle versa du vin chaud dans deux bols de porcelaine de Swatow puis elle alla s’asseoir dans un coin de la pièce et observa avec curiosité ce fameux parent venu des îles lointaines. Autrefois, elle avait lu un de ses exploits dans un journal de San Francisco.

Pendant une heure environ, Chan et son cousin s’entretinrent du temps de leur