— Holley, reprit-il, je puis vous dire pourquoi je suis ici, mais je compte sur votre entière discrétion. Il ne s’agit nullement d’une interview.
— Comme il vous plaira. Je sais garder un secret. Cependant, si vous préférez ne pas me le confier…
— Je veux vous en parler, au contraire.
Eden raconta l’achat des perles des Phillimore par Madden, son insistance pour qu’on les lui livre à New-York et son brusque revirement : il demandait à présent qu’on les lui envoyât à son ranch du désert.
— Voilà qui me paraît bien troublant, n’est-ce pas.
— En effet c’est bizarre.
— Mais je n’ai pas fini… écoutez.
Omettant à dessein l’intervention de Charlie Chan, il rapporta le reste de l’histoire : le coup de téléphone de chez un marchand de tabac de San Francisco, la tendre sollicitude du quidam aux lunettes noires à l’arrivée du bateau, la découverte que cet individu n’était autre que Shaky Phil Maydorf, de passage à l’hôtel Killarney, et enfin le départ de Louie Wong, rappelé par son parent du quartier chinois. Débités dans ce désert lugubre, les faits prenaient un aspect terrible et impressionnant.
— Que pensez-vous de tout cela, monsieur Holley ? demanda Bob en terminant.
— Moi ? Je pense que mon interview est encore ratée.
— À votre avis, Madden ne se trouve pas au ranch ?
— Non. Pourquoi Paula n’a-t-elle pas pu voir Madden l’autre soir ? Pourquoi ne l’a-t-il pas entendue discuter à la porte et ne s’est-il pas présenté lui-même pour voir ce qui se passait ? Parce qu’il n’était pas là. Mon vieux, je suis heureux que vous ne vous aventuriez pas seul ici, surtout si vous portez les perles.
— Je puis dire que je les ai… dans un sens. Quant à Louie Wong, vous le connaissez, sans doute ?