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de morte se tendit vers les livres que, sur ses instances, nous avions dû laisser près de son lit… Elle prit un mince traité et, d’un grand effort, l’attira sur sa poitrine… Elle ferma les yeux et garda le silence, serrant le livre comme une chose chère, contre sa poitrine oppressée.

Lentement, deux larmes, lourdes, des larmes d’enfant, coulèrent de dessous ses paupières closes, sur ses joues creuses… son visage exprimait une désolation sans bornes, mais sans révolte, douce et résignée…

Son corps se tendit un peu, ses mains se crispèrent sur le livre, puis devinrent inertes. Ses yeux s’ouvrirent à demi vides…

Un grand silence régna dans la chambre étroite où, silencieusement, Vlassof pleurait, dans la lueur rose de la lampe à abat-jour…

Dans la rue, des étudiants allemands passèrent en chantant un air alerte, fêtant leurs probables succès aux examens…