Page:Eberhardt - Contes et paysages, 1925.pdf/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les rochers, leurs figuiers et le velours sombre, moucheté d’argent, des oliviers.

Plus loin, dans une plaine immense et désolée, tout un dédale de canaux et de fossés relie les lagunes salées, immobiles comme les chotts du désert, d’une teinte plombée, où se reflète le ciel pur, donnant à l’eau morte l’apparence illusoire de profondeurs d’abîme.

Sous le soleil d’été, tout cela reluit, scintille, comme des fragments de miroir disséminés dans la plaine rougeâtre.

    

… Le chemin de fer sarde est encore plus désespérément lent que ceux d’Afrique : le train rapide, le reale, met une journée et demie pour traverser l’île dans sa longueur, de Cagliari à Porto-Torrès.

Depuis la capitale, après avoir longé les lagunes, la voie s’élève sensiblement jusqu’à Macomer, petit bourg d’aspect mélancolique, dans un décor sévère de montagnes et de pinèdes.

On traverse d’étranges contrées : des halliers enchevêtrés, des bois de pins perchés sur le flanc abrupt des montagnes déchiquetées, des ravins sauvages où coulent des ruisseaux paisibles qui se transforment tout à coup en cascades mugissantes… Çà et là, de petits villages terreux, surmontés d’un campanile frêle, portant