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Page:Eberhardt - Dans l’ombre chaude de l’Islam, 1921.djvu/242

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Quand ils furent devant l’assemblée de la tribu, Hama Srir dit à Saâdia :

— Pour que Dieu bénisse notre mariage, il faut que ton père nous pardonne. Sans cela, lui, ta mère et ton aïeule qui m’a été secourable, pourraient mourir avec le cœur fermé sur nous. Je te mènerai dans ton pays, chez ta tante Oum el Aâz. Quant à moi, je sais ce que j’ai à faire.

Le lendemain, dès l’aube, il fit monter Saâdia, strictement voilée, sur la mule de la maison, et ils descendirent vers l’oued Rir'.

Ils passèrent par Mezgarine Kedina pour éviter Touggourth, et furent bientôt rendus dans les jardins humides de Remirma.

Oum el Aâz était vieille. Elle exerçait la profession de sage-femme et de guérisseuse. On la vénérait et même certains hommes parmi les Rouara superstitieux la craignaient.

C’était une Riria bronzée avec un visage de momie dans le scintillement de ses bijoux d’or, maigre et de haute taille, sous ses longs voiles d’un rouge sombre. Ses yeux noirs, où le khôl jetait une ombre inquiétante, avaient conservé leur regard. Sévère et silencieuse, elle écouta Hama Srir et lui ordonna d’écrire en son nom une lettre au père de Saâdia.

— Si Abdallah pardonnera, dit-elle avec une assurance étrange. D’ailleurs, il ne durera plus longtemps.