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Page:Eberhardt - Dans l’ombre chaude de l’Islam, 1921.djvu/241

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et à se lamenter comme sur le cadavre d’une morte, mais Si Abdallah leur imposa silence.


… Cependant, les deux amants avaient fui longtemps à travers la plaine stérile.

— Arrête-toi, supplia Saâdia, mon cœur est fort mais mes jambes sont brisées… Mon père est vieux et il est fier. Il ne nous poursuivra pas.

Ils s’assirent sur la terre salée et Hama Srir se mit à réfléchir. Il avait tenu parole, Saâdia était à lui, mais pour combien de temps ?

Il résolut enfin, pour échapper aux poursuites, de la mener à Taïbeth, et, là, de l’épouser devant la djemaâ de sa tribu, sans acte de mariage.

Saâdia, lasse et apeurée, s’était couchée près de son maître. Il se pencha sur elle et calma d’un baiser son cœur encore bondissant…

Quatre nuits durant ils marchèrent, mangeant les dattes et la « mella » de Hama Srir. Pendant la journée, par crainte des deïra et des spahis d’El Oued, ils se tenaient cachés dans les dunes.

Enfin, vers l’aube du cinquième jour, ils virent se profiler au loin les murailles grises et les coupoles basses de Taïbeth-Guéblia.


Hama Srir mena Saâdia dans la maison de ses parents et leur dit : « Celle-ci est ma femme. Gardez-la et aimez-la à l’égal de Fathma Zohra votre fille. »