Page:Eberhardt - Pages d’Islam, 1920.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en possession de la sagesse et de la puissance, un jour ils se sont arrêtés, et depuis lors, au cours de la vie, ils se succèdent de générations en générations, sans rien changera leurs rythmes essentiels. Leur immobilité nous surprend comme si nous avions toujours bougé ; pourtant ce qui nous reste d’intelligence religieuse, une certaine poésie de la conscience s’émeut d’un souvenir avec les derniers bons croyants, et nous ne voyons pas s’éloigner sans regret ces porteurs de la noblesse pastorale, ces négociateurs adroits et ces marchands polis qui disparaîtront avec la jeunesse de la terre.

Notre attention les suit. Elle est acquise épaulement à tous ceux qui sont allés à ces vaillants et rudes peuples au repos, qui y sont allés en toute sincérité sans idées préconçues et sans calculs de lucre ; et ceux-là nous persuadent autrement que les étourdis rabâcheurs de progrès qui s’étonnent du retard des bergers sur l’horaire des trains.

Cependant des perspectives nouvelles sont annoncées. Les Arabes ne sont pas tous des chameliers ou des conducteurs de moutons, les Kabyles ne sont pas tous des « troncs de figuiers le nombre de leurs lettrés, de leurs diplômés, de leurs docteurs, ne cesse d’augmenter. Une fois de plus se vérifie le fait dont nous avons donné un grand exemple historique qu’entre le taleb et le savant il n’y a qu’une différence de méthode.