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l’approche comme un mirage, l’Islam présente cependant des perspectives durables, celles de ses mœurs et de sa foi.

Drapés de blanches laines ou sculptés sous le haillon, les musulmans conservent une morale et une dignité que les injures et les dénigrements ne peuvent amoindrir.

Il faudrait inculquer cette idée à tous ceux qui se flattent de lier partie avec eux, et tout d’abord aux diplomates et aux courtiers de notre civilisation.

Ils ne pensent pas comme nous : voilà toute leur faute. Ils nous ont devancés mais ils ne nous ont pas suivis dans les voies de la science et du machinisme : voilà leur plus grand tort et celui que les nations affairées ne sauraient pardonner. Nous avons décidé que le monde entier serait chargé d’usines plus abondantes que les temples anciens et que la fumée des hauts fourneaux monterait sur le désert comme la flamme du buisson où parlait l’Éternel : ils ont compris trop tard, une interprétation biblique qui nous réserve encore bien des surprises. Maintenant il leur resterait sans doute à nous faire observer qu’à toutes ces églises de la matière ardente il faudra beaucoup de fidèles et que bientôt les fidèles pourraient dicter la loi aux prêtres. Cette critique seconde ne les intéresse pas. Ils laissent faire. Hommes d’un autre âge, déistes sans idolâtrie, l’esprit de nouveauté leur a manqué ;