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Eberhardt portait le burnous ; Diner vit à Bou-Saâda avec les Arabes. La moyenne se défend plus jalousement. Elle se défend même trop quand elle attaque sans motif, elle exagère le culte des ancêtres quand elle s’obstine à porter en Afrique la flèche de ses clochers et le pignon de ses toitures. Au surplus, toutes les femmes assimilées, qu’elles viennent de Laghouat, de Malte ou de Carthagène, veulent suivre la mode, et nous avons connu des magistrats et des fonctionnaires évidemment très distingués qui auraient cru trahir le prestige de leur patrie en renonçant au chapeau de forme.

Nous aimons mieux penser que l’évolution sera double : l’esprit ne renoncera pas à la conquête, mais il ira plus loin que la violence ; il pénétrera les intelligences, et les adaptations harmonieuses seront l’œuvre du temps. Nous finirons bien par nous comprendre, par nous habituer à vivre les uns avec les autres sous un même soleil, et nous ne rougirons pas plus de nos collaborateurs musulmans que de nos vieux parents qui allaient à la messe et s’abstenaient à vigile.


Il y avait beaucoup d’Algéries à observer. Isabelle Eberhardt ne voulut voir que des natifs où Louis Bertrand, par exemple, ne rencontra que des Latins et des émigrés de Valence.