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L’opposition des intérêts particuliers, l’antagonisme et le dénigrement réciproque des races, leur incompréhension mutuelle, ont été trop longtemps de règle africaine, et personne ou presque n’avait souci d’accorder ces contrastes. Aussi bien, les oppositions passionnées auraient-elles pu continuer longtemps sous le couvert du libéralisme métropolitain, car il se trouvait toujours un mot dans les ordres du jour et les proclamations de principes pour prêter à l’équivoque.

Et pourtant, peu à peu, la nécessité des réformes se fait jour sous les sophismes. Les Délégations ont même fini par voter l’égalité fiscale. L’Algérie évolue. Elle a reconnu, sans bonne grâce, qu’elle ne pouvait pas s’isoler dans ses privilèges. Il est également à prévoir qu’elle ne voudra pas se maintenir indéfiniment à l’état exception coloniale en faisant figure de trois départements français où cinq millions d’indigènes restent sans voix suffisante.

Ce sont là des contradictions qui devraient céder au bon sens. Il nous faudra insister encore pour qu’elles cessent.

Mais il convient surtout de faire remarquer, en donnant à cette remarque toute son repentance, qu’au moment même où les conseils de la colonie accentuent leurs prétentions à « l’autonomie sans les indigènes », une magnifique renaissance musulmane s’affirme au Maroc,