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un peu vives sous sa plume de femme, quelques indignations trop apparentes. L’ambition de progrès et d’adoucissements qui animait Isabelle Eberhardt était noble et généreuse. On l’a reconnu depuis.

Avec le roman saharien que nous intitulions Dans l’Ombre chaude de l’islam nous composions la légende héroïque d’Isabelle Eberhardt au lendemain de sa mort, mais en la situant dans ses paysages nous ne lui prêtions que les réflexions de son caractère. À ce moment, nous nous rapprochions le plus possible de sa sensibilité européenne, et c’est pourquoi il y a dans ce livre posthume et quelque peu romanesque des nuances ajoutées qu’on ne retrouvera pas dans des nouvelles plus objectives où l’auteur fienterait guère que pour les écrire.

Isabelle Eberhardt était à nos yeux le plus intéressant de ses personnages, mais il ne lui appartenait pas de le dire elle-même et il ne lui convenait guère de se confesser en public.

Le besoin de partir et d’errer, de se sentir « seule, puissante et malheureuse », existait cependant chez elle d’une façon constitutive, en dehors des expressions que nous en avons données. Il suffirait d’en tenir pour preuve, avec toute sa vie, les notes que nous joignons aujourd’hui à ses nouvelles. Après notre commentaire politique, elles en sont la justification romantique.