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LA RIVALE



Un matin, les pluies lugubres cessèrent et le soleil se leva dans un ciel pur, lavé des vapeurs ternes de l’hiver, d’un bleu profond.

Dans le jardin discret, le grand arbre de Judée tendit ses bras chargés de fleurs en porcelaine rose.

Vers la droite, la courbe voluptueuse des collines de Mustapha s’étendit et s’éloigna en des transparences infinies.

Il y eut des paillettes d’or sur les façades blanches des villas.

Au loin, les ailes pâles des barques napolitaines s’éployèrent sur la moire du golfe tranquille. Des souffles de caresse passèrent dans l’air tiède. Les choses frissonnèrent. Alors l’illusion d’attendre, de se fixer, et d’être heureux, se réveilla dans le cœur du Vagabond.

Il s’isola, avec celle qu’il aimait, dans la petite maison laiteuse où les heures coulaient, insensibles, délicieusement alanguies, derrière le moucharabié de bois sculpté, derrière les rideaux aux teintes fanées