Page:Eberhardt - Pages d’Islam, 1920.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

souvenir des féeries du soleil sur la plaine libre.

Maintenant, couché sur un lit tiède, dans un rayon de soleil qui entrait par la fenêtre ouverte, il pouvait évoquer tout bas, à l’oreille de l’aimée, les visions du pays de rêve, avec la seule mélancolie très douce qui est comme le parfum des choses mortes.

Le Vagabond ne regrettait plus rien. Il ne désirait que l’infinie durée de ce qui était.

La nuit chaude tomba sur les jardins. Un silence régna, où seul montait un soupir immense, soupir de la mer qui dormait, tout en bas, sous les étoiles, soupir de la terre en chaleur d’amour.

Comme des joyaux, des feux brillèrent sur la croupe molle des collines. D’autres s’égrenèrent en chapelets d’or le long de la côte ; d’autres s’allumèrent, comme des yeux incertains, dans le velours d’ombre des grands arbres.

Le Vagabond et son aimée sortirent sur la route, où personne ne passait. Ils se tenaient par la main et ils souriaient dans la nuit.

Ils ne parlèrent pas, car ils se comprenaient mieux en silence.

Lentement, ils remontèrent les pentes du Sahel, tandis que la lune tardive émergeait des