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Page:Eberhardt - Pages d’Islam, 1920.djvu/48

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sur la première la formule : « Ne le touchez, si vous n’êtes pur. »

Lentement, d’une main calme et agile, Hadj Hamouda enroule en volutes les caractères de rêve, les encadre d’arabesques déliées, où les rouges et les verts rehaussent les ors pâlissant, sépare les versets par de petites étoiles naïves, en guise de points.

La feuille de parchemin simplement posée sur son genou, ses encres en de petites tasses ébréchées, l’enlumineur travaille, malgré la lourdeur amollissante de l’air, malgré l’obstination des mouches.

Enveloppé de burnous blancs, encapuchonné, un long chapelet au cou, Hadj Hamouda, de visage émacié et brun, de traits réguliers, la barbe grisonnante à peine, poursuit son œuvre patiente. Son regard est calme, éteint, et l’ambition y paraît à peine. Parfois, une ombre de sourire passe sur sa lèvre, quand lui plaisent la bonne ordonnance d’une page, la grâce d’une vignette.

Il vit de ce travail charmant, en une insouciance heureuse, en cette boutique qui l’abrite, avec la piété hospitalière de l’Islam. Après des années, il y reste toujours l’hôte discret, ne se mêlant pas du mouvement journalier, presque pas même des conversations.

Parfois, quelque vieux taleb, distingué et poli, aux gestes graves, vient s’asseoir sur la