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L’ENLUMINEUR SACRÉ


Sous les petites coupoles de plâtre que dore le soleil, les boutiques s’alignent, minuscules, inégales comme des alvéoles. Les comptoirs branlants sont de planches brutes.

Dans la lumière exaspérée, les mouches bourdonnent, alléchées, grisées par le suc fermenté des dattes.

Les ombres violettes, très brèves, coupent l’éblouissement des choses, et l’accablement de l’heure tait les bruits.

Le maître de l’une des boutiques, assis sur une caisse, accoudé sur le comptoir, le capuchon rabattu sur le front, sommeille, l’œil mi-clos, dans la pose assoupie, mais vivante, du félin au repos.

Dans le fond, sur une natte, Si El Hadj Hamouda s’applique au travail patient d’enluminure qui délaie en douceur la monotonie des heures : il copie, d’un kalâm expert, les paroles des Livres, ornant d’or et de cinabre les pages ambrées, après avoir pieusement inscrit