et laisse-moi faire le calcul que m’ont appris les sages du Mogh’reb, ma patrie.
— El Moustansar, fils de Fathima.
Sur une planchette Si Abd-es-Sélèm traça des chiffres et des lettres, puis, avec un sourire, il dit :
— Juive, ce musulman qui s’est laissé prendre à ton charme trompeur et qui a eu le courage louable de le fuir, reviendra.
La Juive eut une exclamation de joie.
— Oh, dit-elle, je te récompenserai généreusement.
— Toutes les richesses mal acquises de ta race ne récompenseraient point dignement le trésor inestimable et amer que je t’ai donné : la connaissance de l’avenir…
— À présent, Sidi, j’ai quelque chose encore à demander à ta science. Je suis Rahil, fille de Ben-Ami1.
Et elle prit le roseau qui servait de plume au taleb et l’appuya contre son cœur tandis que ses lèvres murmuraient des paroles rapides, indistinctes.
— Il vaudrait mieux ne pas tenter de savoir plus entièrement ce qui t’attend.
— Pourquoi ? Oh, réponds, réponds !
— Soit.
Et Si Abd-es-Sélèm reprit son grimoire mystérieux. Tout à coup un violent étonnement se peignit sur ses traits et il considéra