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sait en amphithéâtre, toute blanche dans le brun chaud des terres et le vert puissant des figuiers.

Une légère brume violette enveloppait la montagne et la vallée, tandis que des lueurs orangées et rouges embrasaient lentement l’horizon oriental, derrière le djebel Sidi-Merouane.

Bientôt, les premiers rayons du soleil glissèrent sur les tuiles fauves des toits, sur le minaret et les murs blancs de la ville.

Et tout fut rose, dans la vallée et sur la montagne. Ténès apparut à Si Abderrahmane, à la plus gracieuse des heures, sous des couleurs virginales.

Près des vieux remparts noircis et minés par le temps, entre les maisons caduques, délabrées sous leur suaire de chaux immaculée, s’ouvre une petite place qu’anime seul un café maure fruste et enfumé, précédé d’un berceau fait de perches brutes où s’enroulent les pampres d’une vigne centenaire. Un large divan en plâtre, recouvert de nattes usées, sert de siège.

De là, on voit l’entrée des gorges, les forêts de pins, le djebel Sidi-Abdelkader et sa koubba blanche, les ruines de la vieille citadelle qu’on appelle la smala. Tout en bas, parmi les roches éboulées et les lauriers-roses, l’oued Allala roule ses eaux claires.