Page:Eberhardt - Pages d’Islam, 1920.djvu/9

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Il y a dans ces nouvelles l’initiation à un monde africain qui pourrait être celui des contes merveilleux si on ne savait qu’il est aussi celui de la souffrance.

L’âme russe d’Isabelle Eberhardt était bien préparée à comprendre l’Islam et à l’enseigner par la sympathie. Avec elle nous dépassons le stage de l’exotisme, nous en avons fini avec les étonnements évasifs.

Connaître une terre par sa lumière, son histoire et son commerce, c’est encore trop peu, et nous n’en rapporterions qu’une illumination fugitive et un malaise, si la raison secrète de ses habitants devait nous échapper.

Après des exaltations et des fatigues, le pèlerin éprouvera le désenchantement du voyage et souffrira de n’être qu’un étranger chez des peuples qui, même vaincus, se font défendre par leurs morts, comme dans ces étranges cités du Moghreb où l’on n’arrive qu’en traversant des cimetières immenses. Scrupuleux, il en viendrait à s’adresser des questions troublantes sans y savoir bien répondre. Voici donc des choses nécessaires et qui ne sont pas dans les guides : un léger bagage sentimental assez lourd à porter et dont les désœuvrés à la course feront bien de ne pas s’embarrasser.

Avec ses façades crevées, ses casbah ruinées, ses portes de gloire où ne passe plus que le vent, ses masses décoratives qui s’évanouissent à