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qu’on parlait de la liaison de son fils avec une femme du village.

Il vint à Batna, et sans dire un mot à Si Mohammed el Arbi, obtint l’expulsion immédiate d’Achoura.

Éplorée, elle se réfugia dans l’une des petites boutiques de la rue des Ouled-Naïl, dans la tiédeur chaude et odorante de Biskra. Malgré son père, Si Mohammed el Arbi profita de toutes les occasions pour courir revoir celle qu’il aimait. Et, comme ils avaient souffert l’un pour l’autre, leur amour devint meilleur et plus humain.

… Aux heures accablantes de la sieste, accoudée sur son matelas, Achoura se perdait en une longue contemplation des traits adorés, reproduits par une photographie fanée qu’elle couvrait de baisers… Ainsi, elle attendait les instants bénis où il venait auprès d’elle et où ils oubliaient la douloureuse séparation.

Mais, le bonheur d’Achoura ne fut pas de longue durée. Si Mohammed el Arbi fut appelé à un caïdat opulent du Sud, et partit, jurant à Achoura de la faire venir à Touggourt, où elle serait plus près de lui.

Patiemment, Achoura attendit. Les lettres du caïd étaient sa seule consolation, mais bientôt elles se firent plus rares. Si Mohammed el Arbi, dans ce pays nouveau, dans cette vie nouvelle si différente de l’ancienne toute