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Une Première Représentation (par Merville). — Récit détaillé et très-gai de la représentation d’une pièce infortunée qui tombe sous les sifflets. Ce chapitre, et ceux du même genre, ont le mérite de nous donner une peinture générale et comme un modèle de situations connues.

Les Soirées d’Artistes (par Jal). — On pénètre ici dans la vie sociale des artistes ; on voit les réunions animées dans lesquelles les jeunes talents agitent avec esprit les questions du jour. Dans ce monde de l’art règne une certaine anarchie, chaque artiste semble agir suivant ses idées propres ; il aime à entretenir, avec ses collègues, d’agréables relations de société, mais il n’y a pas de maître dont on suive les leçons ou les conseils. David avait quitté Paris même avant sa mort ; le baron Gérard paraît n’avoir sur le cercle que nous voyons ici aucune influence. C’est un vif plaisir de voir citer les noms d’un grand nombre d’hommes d’un talent reconnu, accompagnés d’une description rapide de leur personne. Cependant, l’Abbaye au Bois (par madame la duchesse d’Abrantès) a un intérêt encore plus général. Ce couvent, il est vrai, a toujours été l’asile de personnes remarquables ; cependant qui s’attendrait, dans les bâtiments humides et obscurs d’un cloître, à trouver plusieurs salons littéraires. Des femmes, aujourd’hui d’un certain âge, dont l’existence, après avoir été autrefois très-brillante, a été réduite par des vicissitudes de diverse nature, habitent dans ce couvent, où elles ont loué des chambres fort simples. Madame Récamier continue à rassembler autour d’elle des personnes distinguées qui ont pour elle une profonde considération.

De ce séjour paisible, éloigné de tout bruit, nous sommes entraînés à une Fête au Palais-Royal (par M. de Salvandy). Pour la dernière fois, Charles X est fêté par ses parents, pour la dernière fois acclamé par le peuple. Le roi de Naples est frappé de cette fête admirable donnée en son honneur ; cependant un pressentiment plane au-dessus de ces salons si splendidement éclairés, et l’on se permet de dire : « Nous dansons sur un volcan. » Ce chapitre, qui est un fragment d’histoire, repousse dans l’ombre tous les autres, et la lumière puissante qui s’en échappe frappe tellement les lecteurs qu’ils jugent trop sévèrement les autres récits, et leur accordent à peine l’attention qu’ils méritent. On a vu que nous ne tombions pas dans cette faute, et nous mentionnerons encore avec plaisir Une Chanson de Béranger à Château-