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briand ; la Réponse de Chateaubriand, et enfin l’Ingratitude politique (par M. de Jouy). Ces trois derniers chapitres portent chacun l’empreinte d’une politique différente ; il est évident que parmi cent et un écrivains, bien des opinions diverses doivent régner. Il suffit que ces opinions, dans cet ouvrage même, ne se déclarent pas exclusives et ne se proscrivent pas mutuellement. Si ce seul volume a déroulé, devant notre esprit, des scènes si variées, que de tableaux nous réservent les neuf autres volumes que l’on nous promet et que nous attendons !




LITTÉRATURE ITALIENNE

LUTTES VIOLENTES DES CLASSIQUES ET DES ROMANTIQUES EN ITALIE.


Romantico ! mot étrange pour les Italiens, mot que Naples et l’heureuse Campanie ignorent encore ; qui, à Rome, n’est connu que des artistes allemands, mais qui, en Lombardie, et surtout à Milan, fait depuis quelque temps un grand bruit. Le public est partagé en deux camps, toujours prêts au combat. En Allemagne, c’est quand l’occasion l’exige, et bien tranquillement, que nous nous servons de l’adjectif romantique, mais en Italie, Romantisme et Classicisme désignent deux sectes irréconciliables. Chez nous la lutte (s’il y a lutte) est bien plus pratique que théorique ; nos poètes et nos écrivains romantiques ont leurs contemporains pour eux, et ils ne manquent ni d’éditeurs ni de lecteurs ; il y a longtemps que nous avons franchi les premiers tâtonnements de la distinction ; les deux écoles commencent à s’entendre ; c’est donc d’un esprit paisible que nous pouvons contempler le feu qui commence à flamber au delà des Alpes, feu que nous avons allumé.

Milan est très-propre à devenir le théâtre de cette lutte, parce qu’il y a dans cette ville plus de littérateurs et d’artistes que partout ailleurs en Italie ; comme les questions politiques manquent, les discussions littéraires gagnent en intérêt. De plus, le voisinage de la langue et de la civilisation allemandes devait donner l’occasion de se mettre au courant des questions agitées chez nous.