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Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/105

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Le petit Walter vint en sautant et fit beaucoup de questions à Zelter et à son grand-père. « Quand tu arrives, démon turbulent, dit Goethe, tu déranges tout de suite les conversations. » Tout en parlant ainsi, Goethe était plein d’affection pour l’enfant, et ne se fatiguait pas de faire toutes ses volontés. Madame de Goethe et mademoiselle Ulrike entrèrent ainsi que le jeune Goethe, qui était en uniforme avec l’épée, pour aller à la cour. Nous nous assîmes à table. Mademoiselle Ulrike et Zelter étaient particulièrement gais, et, pendant tout le repas, ils se taquinèrent de la façon la plus gracieuse. Toute la personne de Zelter et sa présence me faisaient du bien. C’est un esprit sain et heureux, toujours tout entier au moment présent, et qui trouve pour tout le mot juste ; avec cela beaucoup de bonhomie, d’aisance, et si peu de gêne, qu’il disait absolument tout ce qu’il pensait, et parfois même ses paroles étaient un peu vertes. La gaieté de son esprit est communicative, et, dans sa compagnie, on laisse vite de côté précautions et restrictions. Je désirais tout bas vivre quelque temps avec lui, je suis sûr que cela me serait bon. Après diner, il sortit ; il allait passer la soirée chez la grande-princesse.

Jeudi, 4 décembre 1823.

Ce matin, le secrétaire Krœuter m’apporta une invitation à dîner chez Goethe. Il me dit aussi que Goethe m’engageait à faire cadeau à Zelter de deux exemplaires de mon Essai sur la poésie. Je le portai moi-même à l’hôtel. Zelter me prêta en revanche les Poésies d’Immermann. « J’aimerais à vous faire présent de mon exemplaire, dit-il, mais vous voyez que l’auteurm’en a fait hommage, et c’est un souvenir qui est digne d’être con-