Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ture m’entraîna vers le Hanovre, du côté de mon cher pays, vers lequel j’aspire sans cesse.

Mardi, 10 août 1824.

Je suis revenu depuis huit jours environ ; Goethe a montré beaucoup de joie à mon retour ; nous avons tout de suite beaucoup travaillé ensemble. Il n’ira pas à Marienbad. Il m’a dit hier : « Maintenant que vous voilà de retour, je vais pouvoir passer un joli mois d’août. » Il m’a communiqué la continuation de Vérité et Poésie. Une partie est achevée, une autre est seulement ébauchée. — Pour que Goethe reprenne cœur à ce travail (interrompu depuis des années), après en avoir causé avec lui, j’ai rédigé sur ses notes des sommaires qui lui permettent de voir facilement ce qui a besoin d’être changé de place ou développé.

Lundi, 16 août 1824.

Goethe, tous ces jours-ci, a été très-riche en communications, mais j’ai été tellement occupé, que je n’ai pu écrire ses conversations ; je ne trouve sur mon journal que des idées détachées, sans me rappeler comment elles sont nées.

« Les hommes ressemblent à des pots qui flottent sur l’eau et qui se choquent les uns les autres.

« C’est le matin que notre esprit est le plus sagace, mais aussi le plus inquiet. L’inquiétude est en effet une espèce de sagacité, une sagacité passive. Les sots ne sont jamais inquiets de rien.

« Il ne faut amener avec soi dans sa vieillesse aucun défaut de sa jeunesse, car la vieillesse fournit déjà par elle-même ses imperfections.