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cations, et je suis sûr que chez un talent inné comme lui, elles jetteront des racines et fructifieront. »

Samedi, 11 juin 1825.

Aujourd’hui, pendant le dîner, Goethe a beaucoup parlé du livre du major Parry sur lord Byron. Il en a fait un très-grand éloge et il a dit que dans cette peinture lord Byron apparaissait bien plus parfait et bien plus maître de ses idées que dans tout ce que l’on avait jusqu’à présent écrit sur lui.

« Le major Parry, continua-t-il, doit même avoir été un esprit remarquable, et même très-élevé, pour comprendre si bien son ami et le peindre si parfaitement. Un jugement de son livre m’a surtout beaucoup plu, en répondant tout à fait à mes désirs ; il me semble digne d’un ancien Grec, d’un Plutarque : « Le noble lord, dit Parry, manquait de toutes les vertus qui font l’ornement de la classe bourgeoise, et que sa naissance, son éducation, sa manière de vivre l’empêchaient d’acquérir. Or, tous ses critiques défavorables sont de la classe moyenne et ils regrettent, en le blâmant, de ne pas trouver en lui ce qu’ils ont raison d’apprécier en eux-mêmes. Les bonnes gens ne réfléchissent pas que dans sa haute sphère, il possédait des mérites dont ils ne peuvent se faire aucune idée juste. » Hein ! qu’en dites-vous ? n’est-ce pas, on n’entend pas quelque chose comme cela tous les jours. »

« — Je suis heureux, dis-je, de voir exprimer publiquement un aperçu qui, une fois pour toutes, paralyse et abat tous les critiques mesquins dont les efforts cherchaient à rabaisser un homme qui vivait aussi haut. »

Nous avons parlé ensuite des sujets d’histoire univer-