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Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/340

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montrait pour moi. Je lus les premiers paragraphes sur les couleurs psychologiques.

« Vous voyez, dit-il, il n’y a rien en dehors de nous qui ne soit en même temps en nous, et notre œil a ses couleurs comme le monde extérieur. Dans cette science, il faut, avec le plus grand soin, faire une séparation tranchée entre ce qui est hors de nous et ce qui est en nous ; on doit commencer par les couleurs qui appartiennent à notre œil, pour que dans toutes les observations on distingue toujours bien si la couleur existe réellement hors de nous ou si elle n’est qu’une couleur apparente que l’œil produit par lui-même. Je crois donc avoir dans l’exposé de cette science trouvé le vrai commencement en traitant d’abord de l’organe à l’aide duquel doivent se produire toutes les perceptions et toutes les observations. »

Je lus jusqu’aux intéressants paragraphes sur les couleurs produites, où il est enseigné que l’œil a le besoin du changement, qu’il n’aime pas à rester sur la même couleur, qu’il en réclame tout de suite une autre, et cela si fortement, que, s’il ne la rencontre pas réellement, il la produit lui-même. Nous fûmes par là amenés à parler d’une grande loi qui circule à travers la nature entière et sur laquelle reposent toute la vie et toutes les jouissances de la vie. — Goethe dit : « Il en est de même, non-seulement de tous nos autres sens, mais aussi de notre suprême essence spirituelle ; comme l’œil est un sens supérieur, la loi sur la nécessité des changements se manifeste dans les couleurs d’une manière frappante, et nous l’apercevons clairement là avant de l’apercevoir partout ailleurs. Il y a des airs de danses, qui nous plaisent beaucoup, parce que le ton majeur et le ton mineur