Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/400

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dans ma Métamorphose des animaux, dans celle des Plantes, dans le poëme intitulé Testament c6, etc., etc. La seule composition un peu compliquée à laquelle j’aie conscience d’avoir travaillé pour exposer une certaine idée, ce serait peut-être mon roman des Affinités. L’intelligence peut se rendre compte de ce roman, mais je ne veux pas dire par là qu’il en est meilleur ! Au contraire, je suis de cette opinion que plus une œuvre poétique est incommensurable et insaisissable par l’intelligence, meilleure elle est. »

Mardi, 15 mai 1827.

M. de Holtey[1], venant de Paris, est ici depuis quelque temps, et, à cause de sa personne même et de ses talents, reçu cordialement partout. Il a lié des relations très-amicales avec Goethe et sa famille.

Goethe vit depuis quelques jours dans son jardin, où il jouit d’une activité calme qui le rend fort heureux. Je suis allé là lui faire aujourd’hui une visite avec M. le comte Schulenburg et M. de Holtey. Celui-ci lui a dit adieu ; il part pour Berlin avec Ampère.

Mercredi, 20 juin 1827.

La table de famille était mise, avec ses cinq couverts ; les chambres étaient vides et fraîches, ce qui, par un temps aussi chaud, était très-agréable. J’entrai dans le grand salon qui touche à la salle à manger et où l’on voit le buste colossal de Junon. Je m’y promenais depuis quelques instants lorsque Goethe, venant de son cabinet de travail, entra, et me dit bonjour avec sa cordialité et son amabilité habituelles. Il s’assit près de la fenêtre sur une chaise : « Prenez aussi un peu une chaise, et mettez-

  1. Acteur, directeur de théâtre, poète et romancier.

Errata :

c6. texte corrigé, voir ERRATA, Ier volume