Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/449

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dans des directions différentes à la recherche du miel. Pendant quelques semaines, elles iront à l’ouest, dans les champs de navettes en fleurs. Elles iront ensuite aussi longtemps vers le nord chercher les fleurs de bruyère. Puis elles iront d’un autre côté chercher les fleurs de blé noir ; puis ailleurs vers les fleurs de trèfle, puis ailleurs vers des fleurs de tilleul. Qui leur a dit : Volez maintenant là— bas ; il y a quelque chose pour vous ! puis maintenant là-bas, il y a quelque chose de nouveau ! Et qui les reconduit à leur village, à leur ruche ? Il semble qu’un fil invisible les guide et les ramène ; quel est ce fil ? nous l’ignorons. — Il en est encore de même pour l’alouette ; elle se lève en chantant au-dessus d’un champ couvert d’épis ; elle plane au-dessus de cette mer que le vent soulève et où chaque flot se ressemble, cependant quand elle redescend vers ses petits, elle trouve sans se tromper l’étroit espace où est son nid. — Tous ces phénomènes se montrent à nous clairs comme le jour, mais leur lien intime et leur âme nous restent inconnus. »

« — Il en est de même avec le coucou, dis-je. Nous savons qu’il ne couve pas, mais dépose son œuf dans le nid de quelque autre oiseau, dans le nid des fauvettes, des lavandières jaunes, des moines, des brunettes, des rouges-gorges, des roitelets. Voilà ce que nous savons ; nous savons aussi que tous ces oiseaux doivent être insectivores, parce que le coucou est lui-même insectivore, et que son petit ne pourrait pas être élevé par un oiseau qui se nourrirait de grains. Mais comment le coucou reconnaît-il que tous ces oiseaux sont insectivores, lorsqu’ils sont tous si différents et par la forme et par la couleur, et par le chant et par la voix ? Et comment le