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Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/453

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du nid, il est nourri aussi par d’autres oiseaux qui ne l’ont pas couvé ?

« — Oui. Dès que le petit coucou a quitté son nid, qui est bas, et a pris place sur la cime d’un arbre, il pousse un cri assez fort pour dire : « Je suis là. » Alors tous les petits oiseaux du voisinage qui l’ont entendu arrivent pour le saluer. Là vient la fauvette, vient le moine ; le lavandier jaune monte aussi ; et même le roitelet qui, par nature, se fourre toujours dans les baies basses et dans les buissons épais, pour s’approcher du nouveau venu, s’élève vers le sommet des grand chênes : mais c’est toujours le couple qui l’a élevé qui lui apporte le plus fidèlement sa nourriture, les autres oiseaux ne viennent que par occasion pour lui apporter un bon morceau. »

« — Il y a ainsi entre le coucou et tous les petits oiseaux insectivores une grande affection ? »

« — Cette affection est si forte, que lorsqu’on s’approche d’un nid qui renferme un jeune coucou, les petits parents adoptifs sont saisis d’une telle crainte, d’une telle terreur, de telles inquiétudes, qu’ils ne savent plus où se tenir. Le moine surtout dans son désespoir tombe à terre comme pris de convulsions. »

« — C’est assez curieux, mais cela se conçoit encore. Le problème pour moi, c’est la conduite d’un couple de fauvettes, par exemple, qui, au moment de couver ses propres œufs, permet à un coucou âgé de s’approcher de leur nid et d’y déposer son œuf. »

« — C’est en effet une conduite assez énigmatique, mais elle s’explique aussi. En effet, comme tous les petits oiseaux insectivores nourrissent le coucou sorti du nid, même sans l’avoir couvé, il y a entre lui et eux une espèce de parenté, qui fait qu’ils se considèrent tous comme des