Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/57

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mois, mes enfants en revenaient toujours mécontents. Le plaisir qu’on avait voulu leur donner ne leur plaisait jamais. Mais maintenant ce n’est plus le même chapitre : ils rentrent avec des visages resplendissants de joie, parce qu’ils ont enfin pu pleurer autant qu’ils le désiraient. Hier c’est à un drame de Kotzebue qu’ils ont dû cette « volupté des larmes. »

* Lundi, 13 avril 1823.

Le soir, seul avec Goethe. Causé de la littérature, de lord Byron, de Sardanapale, et de Werner. Puis nous arrivâmes au Faust, dont Goethe parle souvent et avec plaisir. Il désirait qu’on le traduisît en français, et cela dans le style de Marot. Il le considère comme la source où Byron est venu puiser l’âme de Manfred. Goethe trouve que Byron, dans ses deux dernières tragédies, a fait un progrès marqué, parce qu’il y apparaît moins sombre et moins misanthropique. Nous avons parlé ensuite du texte de la Flûte enchantée[1], dont Goethe a écrit une suite, sans avoir trouvé encore un compositeur capable de traiter convenablement le sujet. Il convient que la première partie que l’on joue est pleine d’invraisemblance et de plaisanteries que tout le monde ne sait pas mettre à leur place et apprécier ; mais cependant, quoiqu’il en soit, on doit reconnaître que l’auteur entendait parfaitement l’art d’agir par les contrastes et d’amener de grands effets de théâtre.

* Mercredi, 15 avril 1823.

Le soir, chez Goethe, avec la comtesse Caroline Egloff-

  1. Opéra de Mozart, très-aimé et très-souvent joué en Allemagne, et