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rapportant à la théorie des couleurs. Cette matière m’était absolument étrangère ; et je compris aussi peu le phénomène que l’explication qu’il m’en donna ; mais j’espère trouver le temps et l’occasion de me familiariser avec cette science.

Mardi, 21 octobre 1823.

Je suis allé ce soir chez Goethe. Nous avons parlé de Pandore[1]. Je lui demandai si on devait considérer cette poésie comme un ensemble terminé, ou bien si elle aurait une suite. Il me répondit que non, et qu’il n’avait rien ajouté, parce que la première partie était devenue si considérable, qu’il n’avait pas pu venir à bout d’en écrire une seconde semblable. D’ailleurs, il s’était aussi contenté de ce qui est publié, parce que cela peut très-bien être regardé comme un tout qui se suffit à lui même. Je lui dis que je n’étais arrivé à la parfaite intelligence de ce poème difficile qu’après l’avoir lu assez souvent pour le savoir presque par cœur. Goethe sourit et dit : « Je le crois bien ; toutes les parties sont rivées ensemble. »

Je ne trouve pas, dis-je, que Schubarth[2] ait raison quand il prétend que l’on trouve là réuni tout ce qui est dispersé dans Werther, Wilhelm Meister, Faust, et les Affinités électives, car cette opinion rend le poëme incompréhensible.

« Schubarth, dit Gœthe, descend souvent un peu profondément ; mais cependant c’est un esprit solide et il est plein d’idées fécondes. »

Nous parlâmes d’Uhland. « Où je vois de grands effets,

  1. Le poëme dramatique de Goethe.
  2. Auteur d’un commentaire des Œuvres de Goethe, publié dès 1817.