Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/162

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rien de ces images, et l’Homunculus se moque de sa nature septentrionale.

« Vous remarquerez, me dit Goethe, que Méphistophélès semble inférieur à l’Homunculus, car celui-ci a autant de lucidité intellectuelle, et il a de plus, comme supériorité, le goût du beau et de l’action utile. Il le nomme « Monsieur mon cousin, » car ces êtres spirituels comme l’Homunculus, qui, n’étant pas encore devenus tout à fait hommes, ne sont pas encore tombés dans notre obscurité étroite, étaient comptés parmi les démons, de telle sorte qu’il y a entre eux deux une espèce de parenté. »

« — À coup sûr, dis-je, Méphistophélès apparaît ici à un rang subordonné, mais je ne peux pas croire qu’il n’a pas secrètement travaillé à la naissance de l’Homunculus ; c’est toujours ainsi qu’il agit, et dans Hélène il agit aussi comme un ressort caché. Cela le relève dans l’ensemble, et lui permet de ne pas s’inquiéter, parce qu’il joue un rôle aussi secondaire dans cette circonstance. » « — Vous saisissez très-bien la situation, dit Goethe ; il en est bien ainsi, et je me suis déjà demandé si je ne mettrais pas quelques vers dans la bouche de Méphistophélès, lorsqu’il entre chez Wagner au moment où l’Homunculus va naître, pour bien faire comprendre au lecteur qu’il y contribue. »

« — Cela ne nuirait pas, dis-je. Cependant sa part est déjà indiquée, car Méphistophélès termine la scène par les mots : « Nous finissons toujours par dépendre des créatures que nous faisons. »

« — Vous avez raison, dit Goethe, cela pourrait suffire à un esprit attentif, cependant je penserai à ajouter quelques vers. »