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dans toute leur fraîcheur les étoffes des vêtements. Si le décorateur est forcé de s’éloigner de ce ton indécis si favorable, s’il lui faut peindre une salle rouge ou jaune, ou une tente blanche, ou un jardin vert, dans ce cas les acteurs doivent avoir la précaution d’éviter ces couleurs dans leurs costumes. Si un acteur avec un uniforme rouge et un pantalon vert marche dans une chambre rouge, la partie supérieure de son corps disparaît, on ne lui voit que les jambes ; s’il marche avec ce même costume dans un jardin vert, ce sont ses jambes qui disparaissent, il n’a plus que le haut du corps. J’ai vu un acteur en uniforme blanc et en pantalon très-sombre qui disparaissait ainsi tout à fait par moitié, en se projetant sur une tente blanche, ou sur un fond obscur. — Et même, lorsque le décorateur représente une salle rouge ou jaune, ou de la verdure, il doit toujours maintenir ses teintes un peu faibles et vaporeuses, pour que les costumes puissent s’harmoniser avec elles et produire leur effet. »

À propos de l’Iliade, Goethe m’a fait remarquer une beauté dans la composition ; le poëte a su laisser Achille dans le repos assez longtemps pour que tous les autres héros puissent à leur tour paraître et se développer librement.

À propos de ses Affinités, il m’a dit : « Elles ne renferment pas une ligne qui ne soit un souvenir de ma propre vie, mais il n’y a pas une ligne qui en soit une reproduction exacte. — Il en est de même pour l’histoire de Sesenheim. »

Après dîner, nous avons examiné un portefeuille de dessins de l’école hollandaise. À propos d’un port de mer, où l’on voit à droite des hommes puiser de l’eau, à gauche d’autres personnages jouer aux dés sur une tonne, Goethe a